Conte de campagne

Il y avait autrefois un village qui était considéré comme le plus beau de sa région.
Les pauvres gens des contrées les plus éloignées tentaient, au péril de leur vie, le long voyage qui les y mèneraient afin d'y accomplir les labeurs les plus durs en échange d'une miche de pain.
Les plus fortunés habitants des pays voisins y passaient du bon temps en profitant de la douceur de ses collines et de ses lacs.
Les camelots des environs venaient y échanger des marchandises.
De tous les alentours, on enviait cet endroit connu et respecté depuis des générations.
Mais, une malédiction avait frappé les villageois qui ne voyait plus rien de toutes ces beautés.
Ils râlaient, pestaient, regrettaient le temps passé. Ils se plaignaient tant et si bien que les étrangers en arrivaient à les détester et que certains villageois très en colère commençaient même à brûler les maisons de leur propre voisin.
Vint le jour ou le chef du village qui semblait dépasser par les évènements décida de céder sa place.
Un jeune et riche prince héritier ami de l'ancien chef et la fille d'un vieux grincheux qui détestait les bossus et les étrangers et n'avait jamais réussi à devenir chef lui-même se présentèrent sur la grand place devant les villageois.
"Avec moi, nous allons retrouver la prospérité en échangeant avec nos voisins, en nous mettant tous au travail et en ayant confiance en l'avenir", leur proposa le jeune prince.
"N'écoutez pas ce manant, villageois, nous devons retrouver notre lustre d'antan. Vous n'avez plus rien à cause de tous ces étrangers qui nous pillent nos récoltes et ne respectent ni nos femmes, ni nos coutumes. Nous allons construire une palissade autour du village et imposer une taxe sur le troc avec les métèques", enchaîna la fille du vieux.
Une partie de la foule applaudit à tout rompre en hurlant : dehors les étrangers !
"De quoi vivrez vous sans l'aide de vos voisins, avec qui allez vous échanger vos biens si vous taxez le troc avec eux ?", osa le jeune sous les cris des plus excités
"Comment prétendez-vous savoir y faire alors que vous êtes de la même bande que ce chef minable qui nous a mené à la ruine !", renchérit la femme en colère
"Vous voulez nous prendre ce qui nous reste pour le distribuer à vos amis étrangers", ajouta-t-elle
"Je propose la paix avec nos voisins et une vie meilleure pour tous, cette femme essaye de vous tromper !", essaya de crier le riche prince
"C'est vous qui les avez tromper depuis des générations, avec vos amis et tous ces envahisseurs. Nos braves villageois les plus pauvres ne vous écoutent plus", répondit-elle en montrant la foule qui ne savait plus quoi penser.
Une partie des villageois qui pensaient n'avoir rien à perdre choisir la fille du vieux, il restait plus de la moitié des villageois et le jeune prince voyait l'affaire bien engagé pour lui.
"Je ne veux, ni de l'un, encore moins de l'autre, je préfère aller à la pêche !",dit un des vieux sage du village qui aurait bien aimer succéder au chef.
Il fut bientôt suivi par d'autres vieux sages et une bonne partie de ceux qui hésitaient encore.
Tant et si bien qu'il advint ce qui devait advenir.
Ce village n'existe plus aujourd'hui.
Il s'appelait Liberté.

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir