La grande bouffonerie

Nous sommes le 4 Avril à Paris, il est 19 h et nos 11 personnages doivent se retrouver pour un dîner d’avant débat télévisé.

Les personnages :
François 1er : désolé pour le suivant mais Asselineau était avant dans l’alphabet
François pas 1er : voir plus haut (c’est pas son slogan, c’est pour dire de regarder à la ligne d’avant !)
Benoît : un prénom de pape ne suffit pas à avoir des adeptes
Jacques : son nom dit tout de lui, contraction de chemin et croisade
Jean-Luc : le grand schtroumpf grognon
Nicolas : feignant d’appartenir à une grande famille, il se fait rallonger un nom d’origine bien trop ordinaire pour lui
Jean : descend de la montagne … mais sans cheval, il préfère la marche
Marine : d’origine bretonne, elle ne supporte que le beurre salé et rejette tous les autres : beurre allégé, beurre d’arachide, beur d’origine non contrôlée…
Emmanuel : le consensuel (en 1 seul mot)
Nathalie : veut tellement avoir l’air familier que même son prénom est des plus communs
Philippe : veut tellement partager qu’il a pour nom de famille un affectueux baiser


ACTE 1- SCENE 1 : le choix du resto
Où l’on retrouve 10 de nos héros (et oui, malheureusement le h étant aspiré, pas de liaison, c’est nul), attendant au bas des studios de BFMTV. François pas 1ER manque à l’appel.
Jean-Luc : mais qu’est-ce qu’il fait François, il cherche encore à faire parler de lui ou quoi
Nicolas : moi, si on n’est pas tous là, je m’en vais, je vous préviens
Marine : si ça se trouve, il s’est fait agresser sur le chemin, je ne sais pas si vous avez vu la faune dans ce quartier mal famé
Emmanuel : on est quand même passé de l’autre côté du périph’, ça fait peur
François 2 arrive tout essoufflé : désolé, j’avais une convocation chez un juge parce que je m’étais fait offrir un verre de Bandol que je n’ai pas déclaré à mon dernier meeting à Toulon.
Philippe, impatient : bon, c’est pas tout ça, on se fait un pizza Hut
Nicolas : tu n’y penses pas, on ne va pas enrichir une multinationale américaine
Marine : je propose « nos ancêtres les Gaulois », ça rappelle le bon vieux temps, on peut ripailler bruyamment en mangeant des cochons sauvages
Jean : y’a pas plutôt un petit restau de montagne pyrénéens dans le quartier
Jean-Luc : non mais on est dans le 15e, t’es pas à Lourdes là, t’as déjà eu tes 500 voix pour être invité, deux miracles de suite ça fait beaucoup
Emmanuel : comme je suis le plus jeune, je choisis et pour arranger tout le monde, je propose le « Melting potes », c’est super sympa, y’a de tout, à tous les prix, pour tout le monde


ACTE 1- SCENE 2 : le plan de table
Le patron leur propose une grande table tout en longueur.
Emmanuel, sérieusement : vous n’auriez pas plutôt une table ronde avec une place au milieu, comme ça je pourrai  être à côté de tout le monde en même temps !
Sans attendre, Nathalie et Philippe s’installe à un bout, prêt de la sortie.
Jean, poliment : moi, je vous laisse choisir, je me mettrai où il restera de la place
Nicolas, solennel : merci mais moi je reste ‘Debout la France’
Marine et François 2, déjà assis à l’autre bout : allez Nico, arrête ton cinéma, on n’est pas au JT de TF1, on est entre nous, viens t’assoir, on t’a gardé une place à côté de nous
Jean-Luc, impatient, et s’adressant à Nathalie : bon, on va pas y passer une heure, moi je me mets à côté de la seule dame de la tablée
Marine, estomaquée : non, mais, et moi alors
Jean-Luc, un brin méprisant : ah oui, je l’avais oublié la féministe qui n’a qu’une nièce comme représentante de la gente féminine dans son équipe de bras cassés… quand ils ne sont pas levés
Marine, serrant les dents: je préfère ne pas répondre, on règlera ça au débat, pas à table
Sans un mot, Benoît s’installe en face de Jean-Luc. François 1er en face de Nicolas et à côté de François 2, bientôt suivi de Jacques.
Emmanuel, resté debout : bon, ben je vois qu’il reste une grande place au milieu, vous ne me laissez pas le choix


ACTE 2- SCENE 1 : l’entrée
Un serveur vient prendre les commandes.
Jean-Luc : vous avez du taboulé au quinoa ?
Philippe : depuis quand tu te nourris de graines d’oiseau toi ?
Jean-Luc : et dites-donc mon petit ami, on n’a pas gardé les animaux ensemble à la ferme des mille vaches que je sache ! Merci de me donner du monsieur s’il vous plaît. Et oui, apprenez mon petit ami qu’on peut avoir une nourriture protéinée sans avoir à massacrer de pauvres bêtes innocentes.
Philippe : holà, on se calme Monsieur Jean-Luc, on est entre nous, on est à table, on peut se couper la parole mais on va éviter de se couper l’appétit
Puis, de façon presque inaudible : D’abord, je suis pas ton petit ami et je tutoie qui je veux camarade ? En tout cas,  j’espère que tes granules aux céréales ça arrangera ta dentition d’indien Quechua !
Nathalie, pour calmer le jeu : avec Philippe on va prendre une entrée pour 2 : salades mêlées
Emmanuel : moi je prendrai le buffet à volonté, comme ça je pourrai goûter un peu à tout
Benoit : ce sera une salade mechouia pour moi s’il vous plaît
Marine, entre ses dents : je suis sûr qu’il le fait exprès pour m’énerver
puis à haute voix : bien relevé pour lui la mechouia, ça lui redonnera un peu des couleurs. Pour moi, ce sera une quiche bretonne aux fruits de mer
Philippe, dans l’oreille de Nathalie : elle, ce serait plutôt une quiche aux fruits de père
François 2 : une salade d’avocats pour moi s’il vous plaît
François 1er, Jean, Jacques et Nicolas choisissent eux l’entrée du jour : chiffonnade de truffes


ACTE 2- SCENE 2 : le plat principal
Benoît : ça sera un couscous pour moi
Marine, à peine surprise : avec beaucoup de harissa, ça va le redresser un peu. Moi, je prendrai une langue de bœuf sauce cornichons
Philippe, chuchotant à Nathalie : je dirai même plus, une langue de cornichon aux beaufs
Jean : et de la garbure, vous avez ?
Les autres : c’est quoi ça ?
Jean : et bien, c’est notre pot-au-feu, notre bouillabaisse, notre fourre-z-y-tout. On prend tous les légumes qu’on trouve, on ajoute du canard, on fait cuire 4 heures, on mange en ½ heure et 8 heures pour digérer.
François 2 : s’il y’a du canard à faire bouillir dedans, je prends ça aussi moi
Jean-Luc : je prendrai un risotto de quinoa pour changer
Emmanuel : est-ce que je pourrai avoir s’il vous un peu de bouillabaisse, une lichette de pot-au-feu, un soupçon de cassoulet et un zeste de paëlla s’il vous plaît
François 1er, Jean, Jacques et Nicolas choisissent encore le plat du jour : brochettes d’andouilles
Un peu plus tard, tout le monde a à peu prêt terminé son plat quand…
Emmanuel, interpellant l’assemblée : qu’est-ce qui fait le montagnard, il a renversé son vin rouge dans sa soupe ?!
Jean : et ben le jeunot, on n’a jamais fait chabrot ? Il va falloir que j’te fasse visiter mes montagnes pyrénéennes
Emmanuel : bonne idée, j’adore les montagnes … et la mer aussi, et la campagne … et la ville aussi mais je n’ai rien contre les villages… ou les hameaux non plus d’ailleurs
Lassés, les autres interpellent le serveur pour qu’il vienne prendre la commande des desserts


ACTE 2- SCENE 3 : le dessert

François 2: une pièce montée pour moi
Nicolas : mais pourquoi tu prends une pièce montée ? C’est pour les mariages, les communions et là, il me semble qu’on en est loin
Emmanuel, un peu désabusé : t’es trop négatif Nicolas
François 2: à force de subir le cabinet noir et ses affaires montées de toutes pièces… cette fois, je saurais d’où elle vient ma pièce montée
Jean-Luc, à l’oreille de Benoît : j’ignorais qu’il savait faire de l’humour le croquemort
Puis, plus fort : tarte au quinoa pour moi
Emmanuel : farandole de desserts
Philippe, toujours à l’oreille de Nathalie : je pensais qu’il allait prendre un financier
Nathalie et Philippe : pas de dessert pour nous merci
Jean : moi, je prendrai plutôt un fromage au lait de brebis des Pyrénées
Benoît : moi je vais prendre des loukoums
Marine, soupirant et levant les yeux au ciel : mais ça va pas la tête celui-là. Ben tiens, justement en dessert, moi je vais me la prendre la tête … de nègre
François 1er, Jean, Jacques et Nicolas choisissent cette fois encore le dessert du jour : soufflé poire-banane


ACTE 3 – L’addition
Impatient d’en découdre, Nicolas n’en peu plus d’attendre le débat et réclame l’addition
Emmanuel, s’adressant à tous : bon allez, on partage, ça sera plus simple
Nathalie et Philippe, surpris : ça va pas la tête, nous on n’a rien pris
Francois 1er , regardant Philippe avec insistance: vous parlez du solide là parce que pour le liquide…
Nathalie : en tout cas, chacun paye sa part.
Puis s’adressant au patron : j’espère que vous prenez les tickets resto, parce que je n’ai que ça
Jean : et si moi je vous paye en liquide, en lait brebis des montagnes pyrénéennes, ça vous pose un problème
Le patron : nous ne pouvons malheureusement pas accepter autant de liquide, désolé, on n’est pas chez Arnys
Marine : moi, je paye en francs si ça ne vous embête pas
Le patron : non, mais ça on ne prend plus depuis longtemps
Marine, à voie basse : ça va revenir, rassurez-vous
Jacques, énervé : et bien vous avez tort mon bon monsieur, ne vous comportez pas en suppôt de la BCE
Puis, Marine, à voie haute, agacée : il me reste quelques roubles, ça existe encore ça que je sache !
Le patron : ça existe mais moi je ne prends pas
Marine, à voie basse : et bien vous avez tort, moi si
Puis, à voie haute, agaçante : j’imagine que vous ne prenez pas l’Ecu non plus alors il me reste une petite enveloppe du parlement européen, ça fera sûrement l’affaire
Vient le tour de François 2, qui fait ses poches depuis plusieurs minutes, un peu paniqué : je suis désolé, quelqu’un peut-il m’offrir le repas, j’ai oublié mon chéquier dans les costumes que j’ai été obligé de rendre et comme Pénélope n’ose plus gérer mes affaires, elle a oublié de me donner de l’argent avant de partir
Emmanuel, soupirant : bon, je m’en occupe mais c’est bien parce que je sais que c’est la dernière fois et qu’il me reste un ou deux petits billets de mon ex-salaire de banquier
Puis, à voie basse, tout en payant le patron : Cette fois, je peux vraiment dire que je lui ai régler son compte.
Pour finir, Jean-Luc, à l’assemblée ainsi constituée : allez, direction le débat, j’en connais qui vont encore devoir passer à table, certains vont mettre les pieds dans le plat mais à la fin, seuls quelques-uns vont payer l’addition

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